Hans Zimmer est un compositeur allemand de musiques de films, né le 12 septembre 1957 à Francfort, en Allemagne. Naturalisé américain, il vit désormais à Los Angeles
Gladiator
Le general romain Maximus est le plus fidele soutien de l’empereur Marc Aurele, qu’il a conduit de victoire en victoire avec une bravoure et un devouement exemplaires. Jaloux du prestige de Maximus, et plus encore de l’amour que lui voue l’empereur, le fils de Marc-Aurele, Commode, s’arroge brutalement le pouvoir, puis ordonne l’arrestation du general et son execution. Maximus echappe a ses assassins mais ne peut empecher le massacre de sa famille. Capture par un marchand d’esclaves, il devient gladiateur et prepare sa vengeance.
Analyse de la scène de la bataille entre les légions romaines et les troupes germaniques dans la forêt. Cette scène se situe au tout début du film entre 2’03 et 12’17.
Cette scène dure 10’15 mn et comporte 300 plans. La durée moyenne des plans passe de 15 s en moyenne, du moins au début, à une moyenne de durée des plans qui passe à 1,5 s en plein cœur du corps à corps, avant que cette moyenne ne remonte au moment du cri de la victoire.
Il ne s’agit pas de faire une analyse historique et de chercher la petite bête concernant des dérapages historiques. Laissons cela à d’autres qui sont très forts dans la critique. Ridley Scott est un cinéaste, donc un artiste, qui peut et se doit de travestir la vérité pour appuyer son discours cinématographique. Il s’approche d’un semblant historique mais ce dernier est travesti : équipements d’époques différentes, impossibilité historique, choix esthétiques et non historiques.
Cette scène nous allons pouvoir la diviser en quatre sous-parties distinctes :
de 2’03 à 4’47 : la bataille aura-t-elle lieu ? On attend la réponse des Germains aux demandes romaines,
de 4’47 à 6’00 : les ennemis se trouvent face à face. C’est l’opposition entre l’ordre romain et la barbarie germanique,
de 6’00 à 8’14 : les préparatifs avant l’affrontement,
de 8’14 à 12’17 : la bataille en elle-même :
1- La bataille aura-t-elle lieu ?
Au tout début, Maximus est pensif (le prologue avec sa main qui effleure les épis de blé : dominante jaune clair), voire heureux. En effet, il pense à sa famille et à sa terre qu’il espère revoir d’ici peu de temps. Puis il se met à contempler la nature (un rouge-gorge, par exemple).
Pour lui, sa terre et a famille sont son paradis sur terre. Sa chute n’en sera que plus grande lorsqu’il perdra tout. Il ne lui reste plus qu’une chose tuer le ou les assassin(s) de sa femme et de son fils.
La main dans les blés
Maximus songe à sa terre et à sa famille en Espagne
Maximus regarde un rouge-gorge prendre son envol
Maximus est un général proche de la nature. Un "fermier" comme se plait à se moquer de lui Marc-Aurèle. Il admire la beauté de la Nature. Il est prêt à quitter sa vie de général, d’homme de guerre mais également les lauriers de la gloire, seulement pour retourner cultiver sa terre en Espagne, retrouver son paradis terrestre : le tryptique femme-fils-terre.
Il a même un côté très naïf, du moins, au niveau politique, c’est peut être ce qui en fait le candidat de choix pour Marc-Aurèle. Cette naïveté transparaît durant la scène où Maximus, alors dans la tente de l’Empereur, et Mac-Aurèle ont une conversation sur Rome et ce que symbolise cette ville et cet empire. L’Empereur lui demande "Qu’est-ce que Rome, Maximus ?". Il lui répond que Rome, pour laquelle il combat depuis des années et pour laquelle il va bientôt tout perdre : "J’ai vu le reste du monde. Il est brutal, cruel et sombre. Rome est la lumière" (24’15 à 24’24). ce à quoi lui répond Marc-Aurèle que la politique a transformé la ville en une zone de luttes et que la République d’Auguste a été complètement abâtardie. Marc-Aurèle tente de lui faire ouvrir ses yeux de "fermier" mais sans succès. Il faudra attendre son arrestation pour que la transformation débute mais encore ne sera-t-elle qu’imparfaite !
Après ces pensées bucoliques, il reprend son sérieux car il attend des nouvelles de l’émissaire qu’il a envoyé auprès des Germains afin de connaître leurs intentions soit faire la paix en acceptant les conditions romaines (paiement d’un tribut de soumission, par exemple), soit de combattre. (2’03 à 2’27). En plus, du retour de l’émissaire, Maximus doit aussi vérifier l’avancement des préparatifs de son armée au cas où.
Il semble que Maximus soit confiant dans la victoire. Il ne pensera jamais à une défaite. C’est plutôt la réponse germaine qui l’inquiète : vont-ils répondre rapidement et l’issue de cette guerre prendra-t-elle fin assez rapidement pour qu’il aille faire des moissons chez lui dans trois semaines comme il le proclame à sa cavalerie lors de son harangue.
Le cavalier burtonien (4’08)
Juste avant, l’apparition de l’émissaire romain, les Germains poussent des cris, cris annonciateurs de la décision prise (4’05).
La réponse des Germains est négative
"Ils ont dit non" est la réplique de Maximus lorsqu’il voit son émissaire revenir. Ca y est, les dés en sont jetés. Il faut maintenant se reconcentrer sur les dispositions de l’armée et revoir le plan adopté avec ses subordonnés (4’13).
Le chef germain avec la tête de l’émissaire romain. La bataille est inéluctable (4’27)
(4’44) Le chef germain jette la tête tranchée de l’émissaire, puis plan rapproché sur cette tête.
Avant cela, vers 2’30, la musique s’accélère. On assiste alors à un travelling vers la droite puis à un plan général qui nous permet de voir le dispositif romain.
Les troupes attendent ou alors finissent de se mettre en place. C’est alors que la figure de Marc-Aurèle apparaît (2’55 à 3’01) par un zoom en deux temps qui s’achève sur l’empereur. Il est entouré de sa garde prétorienne (habillée en noir). Lui-même ne semble pas heureux, confiant dans ce qui va arriver. Il espère que cette bataille mettra fin, du moins sur ce front, aux incessantes guerres auxquelles il a été confronté durant son règne. Ce qui chagrine l’empereur car Marc-Aurèle combattit beaucoup mais de son règne ne reste surtout que ses pensées philosophiques.
Nous revenons ensuite auprès de Maximus qui circule parmi ses hommes, les salue, voire les honore d’un geste affectueux (3’01-3’37). Il s’inquiète de leur sort. Il est proche d’eux, au contraire de beaucoup d’autres officiers. C’est ce qui fait de lui un général aimé et respecté par ses hommes. C’est peut être pour cela que Commode a besoin de lui après la mort de son père : un général victorieux qui sait se faire obéir de ses hommes car il partage leur quotidien, leurs peurs lors des campagnes. En effet, de la position prise par les soldats dépendra le futur du nouvel empereur et, avec Maximus, Commode est sûr du début de son règne. Il pourra ainsi assurer la stabilité de son autorité.
Retrouvailles avec un simple légionnaire (celui qui échappera de peu aux coups de Maximus lors de la furie du corps à corps)
Maximus est un militaire proche de la terre, un "fermier" comme se plaît à dire Marc-Aurèle de son général. Il admire la beauté de la Nature. Il est prêt à quitter sa vie de général, d’homme de guerre, d’homme respecté, de lâcher les lauriers de la gloire afin de retourner cultiver sa terre en Espagne et de retrouver sa famille.
2- le face à face :
Cette partie de la scène peut se décrire comme le calme professionnel des romains et de leurs auxiliaires face à la sauvagerie germanique. Peut être est-ce là une allusion à Tacite et à son célèbre ouvrage « Germanie » ?
Maximus se frotte les mains avec de la terre
On voit que les légionnaires romains et les auxiliaires des légions romaines sont parfaitement calmes. Ils attendent les ordres et vont se mettre tranquillement en position : chacun connaît son rôle et sa place dans le dispositif d’avant-bataille ainsi que durant la bataille.
L’avancée en ligne des forces romaines vers les positions germaines
Cette technicité, ce professionnalisme est accentué par le fait que les unités romaines se disposent en formes géométriques (ligne droite, carrée) au contraire des Germains qui forment des vagues sans cesse fluctuantes. A cela s’ajoute le fait que les Romains disposent d’armes collectives servis par des techniciens.
Cette professionnalité est renforcée par le fait que les Germains hurlent, sont hirsutes, sont désordonnés alors que les légionnaires prennent patiemment leurs positions dans le cadre qui leur a été donné, leurs uniformes renforcent cette idée d’ordre.
Les balistes romaines
Les feux grégois
Chacun à un rôle, une fonction bien définie. R Scott accentue le côté barbare des Germains en les faisant hurler, bouger par vagues informes, en les amenant à provoquer les Romains afin, ce qui est peu probable, que ces derniers répondent de manières individuelles à ces provocations. La force de l’armée romaine (comme ce le fut des phalanges hoplitiques et macédoniennes) est la force de l’entraînement de ses troupes, entraînement qui permet à chacun de se mouvoir dans un ensemble de manière efficace, soudée et solidaire. Chaque soldat est responsable de la survie de son voisin.
De plus, les ordres donnés par le Général Maximus sont répercutés par les officiers de rangs inférieurs. Commandements qui appuient le fait d’une armée organisée, disciplinée alors que du côté germain, tout le monde hurle et il ne semble pas y avoir de hiérarchie bien définie.
Un officier romain (celui qui le trahira plus tard)
Alors que le combat est inéluctable, Maximus reste calme. Cependant un tic apparaît, tic qui sera symptomatique de Maximus gladiateur. Il prend de la terre de Germanie dans ses mains, comme il le fera plus tard avec le sable de l’arène, avant chaque combat, afin de la sentir et de s’en frotter les mains : c’est le signal du combat. Maximus s’en frotte les mains pour au moins deux raisons : ce "fermier" aime l’odeur de la terre, il en est proche mais en même temps cela lui permet d’assurer sa prise sur le manche de son glaive et éviter une mésaventure en raison de la sueur provoquer par l’excitation du combat et la débauche d’énergie demandée par le combat. C’est, ici, de la terre qu’il prend puis ce sera du sable dans les différentes arènes qu’il connaîtra.
De plus, Maximus appréhende avec beaucoup de calme le combat qui approche. Pour lui, cela semble être une simple routine ? aucunes appréhensions ne transparaît chez lui. Il prévoit même son retour dans trois semaines sur ses terres afin de moissonner ces récoltes., sans jamais penser ne serait-ce qu’un instant à la défaite voire à la mort.
R. Scott aime à insister sur le côté soldat-paysan (le citoyen qui défend la République) vivant en osmose avec la Nature. Cette dernière étant la même référence pour les hommes du peuple, au contraire de la politique qui dénature les hommes, les amène à grossir leurs défauts, voire à les pervertir. Maximus est un homme simple envoyé loin de chez lui, pour une mission qui est loin de le satisfaire. Un vrai citoyen vient de la terre, il sait pourquoi il se bat, pour la défense de sa propriété. Ce vieux thème nationaliste s’appuie sur la thèse que seul le paysan est capable de défendre la patrie car il est le seul à savoir pourquoi il se bat a contrario de l’ouvrier qui défend d’autres idéaux non républicains.
3- Les préparatifs
La mise en place de l’armée romaine se fait avec une musique qui accélère son rythme. La tension de la bataille est proche, les coeurs battent plus rapidement. La musique concourt à cette tension ressentie par le spectateur mais qui était aussi palpable par tous les protagonistes de cette bataille.
Si la musique s’accélère, la bande son a aussi son importance car on entend imperceptiblement le frottement des tissus, le bruit des cordes des arcs, ... Tout cela nous permet de garder une prise dans la réalité et donc nous prépare aux scènes de corps à corps.
La technicité de l’armée romaine est flagrante. R Scott insiste peu sur les mouvement de l’infanterie, la reine des batailles, mais plutôt sur les arbalètes, les balistes, les archers et le parcours de Maximus jusqu’à sa cavalerie. L’infanterie avance (vers 8’20) vers ses positions de combat, c’est à dire à portée des Germains.
Maximus, qui est toujours proche de ses hommes tout au long du film, plaisante avec ses hommes avant de donner l’ordre de « déchaîner les enfers » (7’30). Cette plaisanterie détend l’atmosphère. Mais rapidement Maximus redonne des conseils techniques : rester alignés et groupés afin d’avoir le maximum d’effets sur les troupes germaniques.
Maximus rejoint sa cavalerie (5’50) après avoir revu la tactique avec son subordonné (celui qui le trahira au profit de Commode et qui deviendra Préfet du Prétoire, c’est le chef de la garde rapprochée de l’empereur).
La charge de cavalerie
La bataille est lancée lorsque Maximus donne un signal : une flèche enflammée dans le ciel. Dès ce moment, les légions avancent en ligne et en ordre, les enfers se déchaînent contre les pauvres germains, qui ne pouvaient donc pas gagner face à la force de cette armée professionnelle et disciplinée. Le feu grégois, les flèches, les balistes font des ravages. R Scott utilise alors le ralenti pour décrire cet apocalypse qui s’abat sur les guerriers germains sous-équipés.
L’infanterie avance en ligne. (début vers 8’20)
C’est l’apocalypse parmi les troupes germaniques
L’apocalypse s’abat sur les troupes germaniques : vue du côté romain
Lors de la charge de cavalerie au travers de la forêt, les troupes à cheval sont filmés grâce à un travelling arrière. Cela semble donner un effet d’euphorie. L’allant des troupes ne pourra pas être brisé par les Germains.
4- la bataille
Au moment où Maximus « déchaîne les enfers », le rythme du film change. Ce rythme change tant au niveau du montage que de la bande-son. En effet, les personnages accélèrent le rythme, le corps à corps débute, la cavalerie menée par Maximus prend le trot puis le pas de charge à travers la forêt (ce qui soit dit en passant est dangereux pour les montures et leurs cavaliers mais également d’un point de vue stratégique. Maximus est certain de son fait).
La surprise des Germains est totale alors même qu’ils sont en pleine mêlée avec les légionnaires romains. L’arrivée d’une nouvelle vague derrière eux les désarçonnent car ils sont encerclés de toutes parts. La victoire romaine est scellée même si des romains vont encore tomber.
La surprise des Germains
S’ensuit un terrible corps à corps où chacun combat pour lui-même. La sauvagerie est égale des deux côtés car chacun se bat pour sa survie. On voit même Maximus s’apprêter à frapper l’un de ses hommes., pris qu’il est dans son élan, dans sa furie.
Un corps à corps intense et brutal. Maximus manque de tuer l’un de ses soldats
Le rythme s’accélère mais dans le même temps, R Scott utilise des ralentis pour mettre en avant certaines séquences. Au moment de ces ralentis, la bande son est transformée : la musique prend le pas sur les cris, le bruit des armes. Un autre élément transforme le rythme du film à ce moment, c’est l’apparition de la neige qui tombe à petits flocons. Le blanc des flocons, synonymes de douceur contraste avec la violence du corps à corps, des cris, des morts, des cris des blessés, du sang qui giclent.
10’37 : la neige commence à tomber durant le corps à corps
Le rythme est lent, rempli de ralentis et de passage flous : le jaune des flammes est omniprésent
La musique ralentit à partir du moment où Maximus combat à terre. Il a en effet été jeté de sa monture par un germain. Peu après entre 10’29 et 10’35 : le chef germain, ou plutôt celui que le réalisateur nous présente comme tel (une force de la nature qui fait beaucoup de dégâts avant d’être mis hors de combat) est finalement mis à terre et tué. C’est le début de la fin pour les Germains même si les combats continuent.
La mort du chef germain a été compris comme étant peu glorieuse pour l’armée romaine. On se met à plusieurs pour abattre le chef. Mais il faut savoir, qu’en général la mort d’un chef d’une des armées entraînait la fuite, la défaite de son camp. On est loin du film classique hollywoodien, où le chef germain et Maximus se seraient affrontés en combat singulier. C’est l’efficacité qui prime, or les légions romaines étaient terriblement efficaces [mort du chef germain : 10’29 à 10’35].
Entre 11’00 et 12’01 : les combats sont filmés au ralenti et ils se mélangent avec des plans d’ensemble de la zone où combat Maximus, des plans rapprochés qui permettent de suivre des corps à corps (les légionnaires ne sont pas forcément vainqueurs à chaque fois, ce qui surprend alors que l’issue du combat est clair à partir de ce moment) ainsi que le destin de plusieurs légionnaires ainsi que celui de Maximus.
Maximus manque un moment, pris par l’ardeur du combat, de tuer l’un de ses propres hommes. la rage et la peur se lisent dans les yeux de ces deux hommes. Cela ne fait que renforcer le côté humain de Maximus. Il n’est pas le Rambo/ John Wayne de cette guerre.
En fait, la bataille n’est pas très longue. Elle ne semble duré que quelques minutes alors que cela prenait du temps, plusieurs heures voire une ou deux journées complètes. Mais cette intemporalité de la bataille est le fait de ces ralentissements, de l’apparition de la neige (qui rend la situation irréelle) et par l’efficacité de la bande-son. Le corps à corps dure peu de temps mais avec ces différents effets techniques on en arrive à s’appesantir sur le destin de quelques hommes au milieu de cette nuée, ce qui renforce encore plus cet effet de longueur.
Elle s’achève par le cri de victoire de Maximus : Roma Victor (11’55) alors même qu’il est encore parmi ses hommes et qu’il vient d’achever quelques blessés germains. Ce cri, il l’avait déjà poussé (9’25) lorsque sa cavalerie était entrer en contact avec l’arrière des tribus germaniques.
11’55 : Roma Victor, la bataille est gagnée
De 12’07 à 12’17 : nouveau zoom sur le visage de Marc-Aurèle, comme au début de cette séquence. Mais cette fois-ci, la victoire l’apaise ; le détend. Il espère, enfin, d’après ce que l’on apprend ensuite, mettre fin aux guerres, du moins, pour un certain laps de temps. Et, ainsi lui permettre de revenir à Rome afin de régler sa succession comme il le désire.
Zoom avant sur l’Empereur
Marc-Aurèle est soulagé par l’issue du combat
Lors de cette scène de bataille et dans le prologue du film, R.Scott plante la trame symbolique de son propos, entre autre par l’intermédiaire de la palette chromatique qu’il utilise et qu’il utilisera tout au long du film.
La partie qui suit est un peu hors propos mais elle s’insère dans une étude toute symbolique de ce film.
5 –la couleur
Gladiator est construit autour de palettes de couleurs bien spécifiques selon les desiderata du réalisateur. Il suit des choix esthétiques beaucoup plus prononcés.
En effet, certaines couleurs ou tonalités sont symboliques et accentuent la mise en scène et les effets voulus par R Scott. C’est par cet artifice que ce dernier réussit ainsi à accentuer le côté sombre du pouvoir, des lieux de pouvoir (Rome) et de Commode. Alors que la nature est souvent représentée par un jeu de couleurs vives. R. Scott utilise des filtres cendrés afin de renforcer cet effet de couleur démontrant le côté obscure du pouvoir. F. Thom sur le site plume-noire.com parle même d’un "montage épileptique [créant avec des filtres cendrés] une impression de furie inégalée...", pour ce qui se rapporte à la fin de la scène la fin de la bataille.
La scène de la bataille, avec l’utilisation de filtres cendrées, est exclusivement représentée en brun et bleu foncé. Seules les flammes éclairent le champ de bataille. La neige tombante accentue cet éclairage mais tout en aseptisant le combat.
C’est ainsi que les scènes en Afrique, en Espagne ou dans le Colisée (lieu où s’oppose la force aveugle de Commode et le pouvoir du peuple et de Maximus) sont tournées dans une palette de couleurs vives comme le jaune, le blanc, le rouge, au contraire des zones de pouvoir qui tournent autour d’une palette graphique beaucoup plus sombre : gris, brun, bleu.
Une réplique importante pour confirmer cette idée : la séparation du sombre et de la lumière est celle de Gracchus. Il affirme (1’06’’50 à 1’06’’58) que "Le coeur battant de Rome n’est pas le marbre du Sénat, c’est le sable du Colisée". Non seulement Commode ne peut vaincre car c’est le peuple, le populus, qui doit diriger Rome (c’est ce que voulait Marc-Aurèle et ce que veut Maximus). Le soleil est le symbole du renouveau de la Rome républicaine. Mais l’histoire contredira cette symbolique avec l’apparition de multiples cultes orientaux au cours du III° siècle (avec Septime Sévère, Hélagabale [quasi prêtre d’un dieu soleil]).
Le soleil comme élément de renouveau. On remarque la présence et la force du soleil, la première fois lors de l’éxécution de Maximus par les prétoriens, sur ordre de Commode. Au moment d’être tué, le soleil fait une percée dans les nuages. Il est sauvé mais comment va-t-il sauvé sa famille et se venger de Commode ?
Quant on parle de lieux de pouvoir, il s’agit plus spécialement de tous les endroits où Commode prend des décisions politiques : Sénat, palais impérial, fin fond du Colisée. La lumière qui baigne Maximus s’oppose ainsi au côté sombre de Commode. La scène la plus intéressante se déroule lorsque Commode a capturé le général et lui propose un duel à mort sur le sable de l’arène. Maximus attaché est auréolé de lumière alors que Commode se meut dans la pénombre alors même qu’il a tous les pouvoirs et qu’il est entouré par ses soldats. Cette vision est un peu simpliste mais c’est le ton général du film : la République et Maximus contre la monarchie et Commode.
Les plans cinématographiques
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