Le slam est une poésie déclamée sur fond musical, ou non. Art d’expression orale populaire, il se pratique généralement dans des lieux publics, sous forme de scènes ouvertes et de tournois. Les slameurs – ou poètes – déclament, lisent, scandent, chantent, jouent des textes de leur cru sur des thèmes libres ou imposés.
Nouvelle forme de poésie, le slam allie écriture, oralité et expression scénique. Focalisée sur le verbe et l’expression brute, elle se caractérise notamment par une grande économie de moyens. Sur scène, ni décor ni costume. Simplement le verbe, et l’art déclamatoire. Une bouche qui donne, et des oreilles qui prennent. Un moyen de rendre la poésie plus vivante et de l’inscrire – ou de la réinscrire – dans le présent.
Dans le slam, tous les sujets peuvent être abordés, dans n’importe quel style, à condition d’utiliser ses propres textes.
Sur de nombreuses scènes publiques, les slameurs abordent les problèmes liés au quotidien des banlieues. Le slam est alors identifié comme un mouvement social contestataire permettant aux jeunes se sentant délaissés d’exprimer leur mal-être. Ailleurs en revanche, les thèmes abordés sont au contraire très souvent universels, avec en premier lieu, évidemment, l’amour. Poésie oblige. Autres scènes, autres slams.
Le terme «slam» est un mot anglais dont la traduction française est double: le nom «chelem» ou le verbe «claquer» (to slam a door). Si certains voient dans la traduction «claquer» une allusion à la façon dont les mots sont déclamés, il n’en reste pas moins que de l’aveu du créateur du mouvement, l’américain Marc Smith, c’est bien le nom «chelem» qui est à l’origine de «slam». Celui-ci aurait ainsi dit, lors de son intervention au Grand Slam de Nantes, en 2005, avoir choisi le mot slam pour son sens sportif et ludique de «chelem».
Dans le domaine sportif, un grand chelem est une série de victoires de toutes les épreuves d’un ensemble. Au tennis par exemple, celui qui souhaite remporter le grand chelem doit décrocher la victoire lors de quatre épreuves: à l’Open d’Australie (Melbourne), à Roland Garros (Paris), à l’US Open (New-York) et à Wimbledon (Londres).
Aujourd’hui le mot «slam» est souvent utilisé pour définir différentes pratiques oratoires: scène ouverte, chanson de «spoken word», de rap, ou même un poème (« je vais vous dire un slam »). Cette globalisation du mot entraîne une incompréhension généralisée sur la réalité même du slam de poésie, dont les règles sont très précises. Mais en fin de compte ces actions riches et diverses se rejoignent toutes dans un amour de la langue et de la parole.
Histoire de slam
Le slam est né à Chicago, en 1984, dans un bar de jazz appelé le Green Mill Tavern (ancienne retraite d’Al Capone). Marc Smith, alors simple entrepreneur en bâtiment, eut l’idée, afin de donner un nouveau souffle aux scènes ouvertes de poésie, d’organiser une compétition tous les dimanches soirs et d’y faire participer le public. Le patron du bar l’accueillit à bras ouverts et le «Uptown Poetry Slam» naquit en juillet 1984.
L’idée suscita un engouement populaire et se propagea d’abord à New York, puis dans le monde entier
Hip hop, rap...
En ces temps confinés on s'est posés un peu
Loin des courses effrénées on a ouvert les yeux
Sur cette époque troublée, ça fait du bien parfois
Se remettre à penser même si c'est pas par choix
Alors entre les cris d'enfants et le travail scolaire
Entre les masques et les gants, entre peur et colère
Voyant les dirigeants flipper dans leur confuse gestion
En ces temps confinés, on se pose des questions
Et maintenant
Et maintenant
Et si ce virus avait beaucoup d'autres vertus
Que celle de s'attaquer à nos poumons vulnérables
S'il essayait aussi de nous rendre la vue
Sur nos modes de vie devenus préjudiciables
Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi
On laisse enfin la terre récupérer ce qu'on lui a pris
La nature fait sa loi en reprenant ses droits
Se vengeant de notre arrogance et de notre mépris
Et est-ce un hasard si ce virus immonde
N'attaque pas les plus jeunes, n'atteint pas les enfants
Il s'en prend aux adultes responsables de ce monde
Il condamne nos dérives et épargne les innocents
Ce monde des adultes est devenu si fébrile
L'ordre établi a explosé en éclats
Les terriens se rappellent qu'ils sont humains et fragiles
Et se sentent peut-être l'heure de remettre tout à plat
Et si ce virus avait beaucoup d'autres pouvoirs
Que celui de s'attaquer à notre respiration
S'il essayait aussi de nous rendre la mémoire
Sur les valeurs oubliées derrière nos ambitions
On se découvre soudain semblables, solidaire
Tous dans le meme bateau pour affronter le virus
C'était un peu moins le cas pour combattre la misère
On était moins unis pour accueillir l'Aquarius
Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui nous est vraiment essentiel
Les voyages, les sorties, l'argent ne sont plus la norme
Et de nos fenêtres on réapprend à regarder le ciel
On a du temps pour la famille, on ralentit le travail
Et même avec l'extérieur on renforce les liens
On réinvente nos rituels, pleins d'idées, de trouvailles
Et chaque jour on prend des nouvelles de nos anciens
Et si ce virus nous montrait qui sont les vrais héros
Ceux qui trimaient déjà dans nos pensées lointaines
Ce n'est que maintenant qu'ils font la une des journaux
Pendant que le CAC 40 est en quarantaine
Bien avant le Corona l'hôpital suffoquait
Il toussait la misère et la saturation
Nos dirigeants découvrent qu'il y a lieu d'être inquiet
Maintenant qu'il y a la queue en réanimation
On reconnaît tout à coup ceux qui nous aident à vivre
Quand l'état asphyxie tous nos services publics
Ceux qui nettoient les rues, qui transportent et qui livrent
On redécouvre les transparents de la république
Et maintenant
Et maintenant
Alors quand ce virus partira comme il est venu
Que restera-t-il de tous ses effets secondaires?
Qu'est-ce qu'on aura gagné avec tout ce qu'on a perdu
Est-ce que nos morts auront eu un destin salutaire?
Et maintenant
Fabien Marsaud, s’est lui même rebaptisé Grand Corps Malade suite aux séquelles du terrible accident qui a bouleversé sa vie! Pendant sa convalescence, l’artiste écrit beaucoup, découvre le slam et déclame ses poèmes dans des salles intimistes. Son talent, sa voix grave et sa sensibilité lui font remporter plusieurs tournois de slam.
« En partant de cette œuvre fondatrice, le chanteur-poète construit d’autres histoires pour en faire des pièces musicales. A l’image d’Albert Camus, Abd al Malik porte haut l’intelligence du texte et une pensée aigüe sur l’existence et sur la condition d’artiste. »
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