Il ne fait pas ou plus de doute que la
symphonie n°5 en si bémol majeur (D485) fut inspirée de la superbe
symphonie n°40 en sol mineur (K550) de Mozart. Il suffit d’écouter les
deux œuvres à suivre pour comprendre, malgré la différence de
tonalité, toute l’influence du génie Mozartien sur le travail de
composition du jeune Schubert alors âgé de 19 ans (octobre 1816).
La particularité de cette symphonie est qu’elle est « volontairement une œuvre intime se rapprochant de la musique de chambre » [1]. Effectif orchestral réduit (sans trompettes, ni timbales, ni même clarinette) et une tonalité en si bémol majeur ; tonalité employée dit-on pour « donner une réplique optimiste et légère de la K550 dans sa tonalité de relatif majeur » [1].Cette symphonie est aussi la dernière d’une série de 5 composées en 3 ans par Schubert. Il faudra attendre 1822 et 1825 pour le voir composer respectivement, l’Inachevée et La Grande.
Franz SCHUBERT (1797-1828)
Autrichien
•Œuvre typique de la musique
romantique (une musique qui
vise à susciter l'émotion, à
bouleverser), le lied Erlkönig fut
composé en 1815 par Franz
Schubert, d'après un poème de
Goethe.
La créature évoquée est un Erlkönig,
personnage représenté dans un
certain nombre de poèmes allemands
comme une créature maléfique qui
hante les forêts et entraîne les
voyageurs vers leur mort.
Les thèmes développés dans le
poème sont typiquement
romantiques : la mort, la nuit, le
fantastique, la peur, la nature,
etc.
La musique s'en ressent, en
tonalité mineure, sérieuse,
profonde et tragique.
Un seul et même chanteur
interprète alternativement
quatre personnages différents :
le narrateur, l'enfant, le roi des
aulnes, et le père de l'enfant.
Pour distinguer les différents
personnages, le compositeur
s’appuie surtout sur
l’interprétation du chanteur.
Le
baryton varie ainsi timbre,
registre (hauteur de la partie
chantée), et nuance pour prendre
le rôle de chaque intervenant. Le
piano, quant à lui, évoque les
atmosphères par ses modes
d’accompagnement
(Ex : staccato).
Le compositeur met en musique
l’histoire du
poème de Goethe par différents procédés
techniques cités ci-dessous
•Choix du genre
Lied : poème germanique chanté par une voix
accompagnée d’un piano.
•Choix du caractère exprimé : atmosphère,
ambiance, 1er ressenti quand on écoute l’œuvre
Grave, solennel, puissant, imposant, dramatique,
fantastique, inquiétant, léger, séduisant, doux…
•Choix de la formation instrumentale
Un piano
Une voix de baryton
Ce qui suggère une grande qualité
d’interprétation car deux musiciens doivent
restituer tout cet univers fantastique à eux seuls !
•Choix de la forme (structure de l’œuvre)
Œuvre structurée en fonction des interventions
des personnages
•L’accompagnement début à 0’23
Le piano joue un rôle important dans l'œuvre :
-la main droite jouant ses notes répétées
« staccato » (jouer les notes de manière
détachée) figure le galop du cheval ;
-les gammes ascendantes (de six notes
seulement) de la main gauche dans le grave
figurent le vent dans les branches.
SCHUBERT a également créé une atmosphère
pianistique pour chaque intervention des
personnages :
Ex 1. Accompagnement léger et enjoué pour
accompagner le séduisant Roi des Aulnes ;
Ex 2. Accompagnement tumultueux et affolé pour
accompagner l’enfant.
•Choix du timbre
Le chanteur adapte son timbre vocal à la
personnalité du personnage dont il interprète le
rôle
•Choix de la nuance (volume sonore)
Le chanteur adapte le volume sonore de sa voix
selon les sentiments des personnages.
Le courant romantique ou
Romantisme (1ère moitié du 19ème
siècle) se caractérise par une volonté
d'exprimer les extases et les
tourments du cœur et de l'âme : il
est ainsi une réaction du sentiment
contre la raison, exaltant le mystère
et le fantastique et cherchant
l'évasion dans le rêve, le morbide et
le sublime, l'exotisme et le passé.
•Thèmes d’inspiration La solitude, les sentiments
tourmentés, la mélancolie, la
nostalgie, la Nature
Le fantastique, l’irrationnel/irréel,
l’imaginaire, la mort
•Œuvres et artistes peintres
Thème de la solitude
Voyageur au-dessus d’une mer de
nuages Caspar David FRIEDRICH
Le Cauchemar (1781) de Johann
Heinrich FÜSSLI
Œuvre romantique par la manière
dont la femme est disposée et par la
présence d’êtres cauchemardesques,
le cheval (symbole de la mort à
l’époque romantique)
et le démon.
Le radeau de la Méduse de Théodore
GERICAULT
•Compositeurs (musique)
Franz SCHUBERT
Richard WAGNER
Franz LISZT
Niccolo PAGANINI
Hector BERLIOZ
Pour résumer, le héros romantique
laisse libre court aux épanchements
de son cœur, la plupart du temps
souffrant, et trouve dans la nature un
écho de ses sentiments intérieurs. Il
est une figure de l’artiste, lui aussi à
l'écart et incompris, mais fier de ce
statut unique.
La Symphonie No. 8 de Schubert,
plus communément appelée Symphonie inachevée, est paradoxalement,
à mes yeux, l’une des plus belles compositions de Schubert, un
compositeur dont la musique m’émeut depuis que j’ai entendu pour la
première fois Le Voyage d’Hiver. Quand j’écoute ses compositions,
je n’arrive à m’enlever de l’esprit son destin tragique : mort à
31 ans, son génie (pourtant évident) n’a pas été reconnu de son
vivant.
Seul le compositeur Schumann (à qui l’on doit Les scènes de la
forêt, pièces romantiques permettant d’infiltrer la folie de son
compositeur) comprendra la subtilité de
Schubert. La Symphonie inachevée est utilisée plusieurs
fois dans Minority Report de Steven Spielberg, adaptée d’une
œuvre de Philip K. Dick. On peut se demander pourquoi La
Symphonie inachevée de Schubert est ainsi utilisée dans le film
de Spielberg.
On sait que John Williams est un féru de musique classique, lui
s’inspirait du rapport de Prokofiev (Pierre et le Loup) avec les
thèmes pour composer la bande-originale de Star Wars. On sait
aussi que d’une manière générale, la bande originale de Minority
Report lorgne vers celle de Blade Runner (adaptation
d’une autre œuvre de K. Dick, réalisée par Ridley Scott, et dont la BO
fut composée par Vangelis). Autrement dit, on peut se douter du fait
que le choix de cette Symphonie inachevée soit due au
hasard.
Je pense que John Williams et Steven Spielberg ont voulu faire un lien
entre le fait que cette symphonie ait été laissée inachevée et les
nombreux éléments de l’intrigue qui, eux aussi, restent inachevés
(l’expérience avec les précogs, le fait que la procédure habituelle
ait été interrompue à douze reprise à cause de visions et de souvenirs
effacés).