L’or du Rhin
Le Prélude de l'Or du Rhin, est une œuvre de Richard Wagner servant
d'ouverture à L'Or du Rhin qui est lui même le prologue de la tétralogie Der
Ring des Nibelungen.
Le prélude qui précède le lever du rideau repose sur un accord dans la tonalité de mi
bémol majeur en arpège sur 137 mesures. Il décrit la naissance de l'univers jusqu'à
la scène première symbolisant quant à elle l'état de nature et l'arrivée du mal
originel. Il nous prépare à prendre place dans les profondeurs du Rhin ; il est
dans L'anneau du Nibelung la source de la vie et le grand régulateur de
l'univers, il initie et clôt ce cycle de 4 drames.
Une réussite de ce prélude nécessite des conditions particulières, il ne s'agit pas de
musique pure dans la mesure où des ressorts psychologiques et d'immersions sont
nécessaires à sa compréhension et appréciation. La tradition du Festival de Bayreuth,
initié par le compositeur, impose comme constituant de ce prélude une pratique ne
figurant pas sur la partition : celle de le faire précéder de 5 minutes de silence dans
l'obscurité totale. L'auditeur ne doit pas distinguer clairement à quel moment commence
la musique, le premier accord ne saurait pas être considéré comme de la musique, c'est
en revanche à partir de lui que se forme peu à peu la mélodie via une harmonie dite
naturelle ou tonale.
Phase 1 : Mesure 1 à 4. Elle représente la création de l'univers, elle succède au vide
l'ayant précédé qui représente la phase de néant. L'orchestre émet un son
particulièrement grave à très faible dynamique, il doit être à peine audible lors de sa
première mesure, le thème monte en puissance uniquement via l'entrée en jeu
successive des instruments. Il perdure toute la durée du prélude en continuant une lente
ascension avant de s'effondrer subitement au début de la scène 1 et l'arrivée du vivant.
Phase 2 : Mesure 5 à 16. Une première impulsion se greffe aux contrebasses via un
saut de quinte ascendante, les bassons entrent en jeu développant un son indépendant
de celui des contrebasses dans le sens ou il crée un second mouvement stationnaire se
superposant au premier. Le son passe donc d'une à deux voix, l'univers se complexifie
et n'est plus unitaire, une première lutte apparait à un stade encore élémentaire.
Phase 3 : Mesure 17 à 48. Un développement tonale fait naturellement apparaître le
leitmotiv du "Devenir"3, celui-ci est comme noyé dans une orchestration très complexe,
sa visibilité est brouillé d'autant plus qu'il est joué par les cors d'harmonie ; l'apparition
du leitmotiv repose dans ce cas sur un arpège de sept notes évoquant la nature.
Phase 4 : Mesure 49 à 80
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Phase 5 : Mesure 81 à 112
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Phase 6 : Mesure 113 à 128
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Phase 7 : Mesure 129 à 137 L'ensemble des thèmes atteignent la maturité de leurs
développements ; toutes les notes apparaissent formant une gamme majeure montante
sur trois crescendos de deux mesures et subissant chacun une chute sur laquelle
s'embranche le suivant. L'orchestre monte alors en puissance et l'ambiance sonore
semble alors proche de la saturation. Cet effet suggère une profusion de vie et
d'évènements à la limite du contrôlable ; la perte de contrôle interviendra via le vol de
l'or à la fin de la scène I, l'orchestre s'y montrera tout aussi furieux et déstructuré.
Le rideau se lève à la mesure 126, la partition note "vagues torrentielles dans la
profondeur des eaux" et la première nixe apparait sur scène à la mesure 131 ; celle-ci
nage autour d'un bloc rocheux dont la pointe centrale atteint la zone la plus lumineuse et
agitée. La montée en puissance de l'orchestre et la maturité des thèmes musicaux
donne une impression de clarté contrastant avec le brouillage précédant, l'apparition
d'un élément visuel (la scène) accompagne le concrétisation de l'action.
Suivant la chute de troisième crescendo, la voix prend la relève à la mesure 137 ;
l'échafaudage musical s'estompe pour suivre le verbe sous une forme fidèle et
simplifiée. Cela symbolise la contamination de la pensée naturelle par la culture et son
langage ; le développement musical paraissait libre, vaste et logique avant l'apparition
du verbe, il s'est ensuite concrétisé à la mesure 131 avant de devenir soumis à l'action
lors du premier mot chanté par Woglinde. On remarquera que les premiers mots du Ring
ne veulent rien dire, ils imitent la fluctuation des vagues, ce fait prémédité décrit
l'évolution du langage qui devient de plus en plus complexe dans sa forme et ses sujets.
Ce principe est visible dans l'ensemble de la première scène puisque l'on passe du jeu
au désir sexuel, puis au mensonge et aux railleries avant que Alberich ne renonce à
l'amour via des paroles bien réfléchies ; on passe donc du jeu au vol. On peut
également analyser sur ce schéma l'ensemble du drame, sous un angle certes plus
conceptuel.