TITRE : LA MUSIQUE ET LA NARRATION

L’Apprenti Sorcier de Paul DUKAS

Dans cette œuvre qui est un poème symphonique (1897), Dukas a traduit musicalement la ballade de Goethe, poète allemand (1749-1832)

Enfin il s’est absenté, le vieux maître sorcier.
Et maintenant, c’est à moi aussi de commander à ses esprits… j’ai retenu sa formule … je ferai des miracles… Que l’eau bouillonne … Et maintenant, approche, vieux balai ! … Dépêche-toi de m’aller puiser de l’eau… Bravo, il descend au rivage.

Déjà une seconde fois ! comme chaque cuve s’enfle, comme chaque vase s’emplit jusqu’au bord ! Arrête ! Nous avons assez de tes services. Malheur ! … j’ai oublié le mot… Toujours de nouveaux seaux qu’il apporte ! Cent fleuves se précipitent sur moi … Il faut que je l’empoigne … un damné balai qui ne veut rien entendre ! Prends garde que je ne te fende au tranchant de la hache… Un moment, Kobold, et tu seras par terre… La hache l’atteint. Il craque … j’espère … je respire Malheur ! Deux morceaux s’agitent maintenant et s’empressent comme des valets debout pour le service. A mon aide, puissances supérieures ! Comme ils courent ! L’eau gagne la salle … Seigneur et maître, entends ma voix ! Ah ! voici venir le maître … « Dans le coin, balai ! Que cela finisse, car le vieux maître ne vous anime que pour vous faire servir à ses desseins. »

Cette oeuvre comprend une introduction qui donne l’ambiance mystérieuse de la grotte (violons en sourdine) et 2 thèmes Le premier thème est celui du balai qui accomplit sa tâche. Le deuxième thème exprime la satisfaction de l’apprenti sorcier. Les deux thèmes se mêlent. On peut remarquer les gammes ascendantes et descendantes qui représentent l’inondation, les appels aux cuivres (l’effroi de l’apprenti), le premier thème en imitation et le retour de l’introduction.

Le poème symphonique de Paul Dukas commentaire musical
1) L’évocation du repaire mystérieux du vieux sorcier (notez les cordes en sourdine)
2) Une idée germe dans l’esprit de l’apprenti : quelques touches sonores rapides. Puis le calme.
3) Puis l’idée se précise : il va commander au balai, il commande.
4) Le balai va prendre vie peu à peu. Coup de timbale ; le balai bouge (quelques notes), obéit : c’est le thème principal
5) Le balai accomplit mécaniquement son œuvre. Un second thème exprime sa satisfaction. Puis, le thème de l’eau : le niveau monte, on suit le remplissage des cuves. Les thèmes se mêlent : c’est une poussée irrésistible.
6) C’est l’inondation : gammes descendantes et ascendantes à l’orchestre. 7) Effroi de l’apprenti : il appelle (on entend des accords pressants et angoissés lancés par les cors et les trompettes). Mais l’eau gagne toujours.
8) Trois accords violents : l’apprenti sorcier a brisé le balai
9) Mais voici que les 2 tronçons du balai se relèvent et repartent l’un après l’autre. On entend le thème en imitation à 2 voix entre le basson et la clarinette basse Double travail sur le thème de l’eau et les appels désespérés aux cuivres.
10) Retour du maître : brusque silence. Tout rentre dans l’ordre. On entend aux violons le thème calme du début, tandis que le basson et la clarinette étirent les notes du thème du balai redevenu docile.
11) Conclusion brusque sur la première partie du thème du balai

Le poème symphonique

Depuis des siècles, musique et littérature sont associés. L’opéra, créé au 17ème par MONTEVERDI en est le plus bel exemple. Dès le début du 19ème siècle, les deux arts vont l’être encore un peu plus avec les lieder, de GOETHE (textes) et Franz SCHUBERT par exemple. De plus, de nombreux compositeurs de l’époque auront une éducation littéraire : Robert SCHUMANN est fils de libraire et devient critique musical, Félix MENDELSSOHN rencontra GOETHE... En 1830, Hector BERLIOZ va amener une révolution à cette union. En effet, sa symphonie fantastique a été composée à partir d’un texte mais ce dernier ne figure pas dans la symphonie puisqu’elle est uniquement instrumentale. C’est le début de la musique à programme. Quant au poème symphonique, cas particulier de la musique, il doit répondre à la définition suivante : « pièce musicale en un mouvement, qui par contraste avec la structure et le développement de la symphonie classique, subordonne cette structure et ce développement à un symbole que la musique rappelle ou suggère ». Le poème symphonique apparaît aux alentours de 1850 avec Franz LISZT, qui en écrit plus d’une dizaine parmi lesquels Les préludes dont l’argument est purement philosophique : “Notre vie est-elle autre chose qu’une série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ?“. Mazeppa (qui est une orchestration d’une des études transcendantes pour piano) décrit plutôt une légende, celle d’un Polonais prit en flagrant délit d’adultère qui est condamné à être attaché nu sur son cheval. Il est retrouvé par des Cosaques et devient leur chef. Dans son poème consacré à Mazeppa, Victor Hugo écrira « Il tombe enfin ! et se relève roi ». Ce vers figure sur la partition de l’étude transcendant

( Lien / Source )

 

Etude 10 de G. Ligeti (1926-2006). Œuvre pour piano. C’est une pièce virtuose qui joue sur les paramètres de la musique (Hauteur, Durée, Intensité…). C’est une étude (qui a rapport avec l’apprentissage) dont la virtuosité peut s’apparenter à une certaine « sorcellerie » du jeu (ornements, gammes ascendantes et descendantes...).